• Bon, olors voilo :

    Après une écoute attentive de Don Giovanni et pour m'être replongé dans le Dom Juan de Molière, il est étrange que les interprétations du dom juanisme ait ainsi varié en un siècle. Dans l'oeuvre la plus récente, Don Giovanni est bel et bien un violeur s'assumant comme tel puisqu'il refuse le remord alors que le Dom Juan de Molière est une aspiration moderne à l'affirmation de l'individualisme qui refuse, lui, le remord quant à l'expression de cet individualisme. Ainsi la statue du Commandeur chez Molière est une conscience sociale, tandis que chez Mozart, elle est la conscience individuelle.

    Et je trouve très intéressant qu'une telle variation de l'interprétation ait eu lieu à un siècle de distance parce qu'elle démontre à quel la société a évolué durant ce siècle.

    Cela m'a amené à une seconde réflexion sur l'expression du libertinage dans les XVIIe et XVIIIe siècle, d'abord il y a une certaine similitude dans les aspirations d'un Brantôme et d'un Choderlos de Laclos. Mais il y a aussi, mais peut-être est-ce dû à la nécessité littéraire de l'unicité d'un personnage, une diversité des caractères féminins. Cela est certainement encore plus patent chez Laclos : Merteuil et Tourvel ne pourront jamais être les mêmes femmes (à la limite Cécile de Volanges pourrait être une nouvelle Merteuil), alors que Valmont lui, est susceptible de changer parce qu'il veut mettre en accord corps et coeur. Et que cela le perd en l'emmenant au suicide volontaire contre quelqu'un qui peut potentiellement devenir comme lui. Il y a donc une espèce de fatalité chez Laclos, en forme de compliment à l'adresse de la femme, l'homme ne peut obtenir son rachat que dans la mort, alors que la femme peut l'obtenir de son vivant.

    A la limite Sade, lui est totalement hors de ces schémas puisqu'il postule l'unicité des aspirations charnelles devant découler sur la liberté de leurs expressions diverses, uniquement contingentées par l'exercice d'un pouvoir à bon ou mauvais escient.

    Enfin voilo, ça, c'est fait. Moi, j'vais couper du bois !


  • Commentaires

    1
    Dimanche 17 Février 2008 à 11:19
    Alors Chorles
    J'ai bien envie d'en rajouter une couche. Plus encore que la conscience sociale, c'est la conscience religieuse que l'ont voit intervenir en la statue du Commandeur dans le dom Juan de Molière. Tu me diras, à l'époque, la religion avait un tel impact, une telle emprise, que l'on peut peut-être effectivment la comparer à une conscience sociale, tant son rôle avait valeur de joug sur les consciences individuelles. Une façon de contenir la foule, par la crainte du châtiment divin. En gros, Dom Juan se dit non croyant, mais ne cesse de provoquer verbalement et par ses actes ce dieu qu'il renie. Ce qui lui confère, finalement, une existence plus consistante encore. La statue du Commandeur apparaît alors comme le bras armé de Dieu, condamnant le pécheur. Quant à Chaderlos de Laclos, je ne voit pas quel compliment est fait au femme. La manipulatrice qui vit selon ses aspirations -contraire à la morale sociale et religieusen encore-, Merteuil, est exclue de la société, avec la marque bien inscrite de ses débordements sur sa figure, thanks to la petite vérole. La plus pieuse, qui a vu tout ses beaux principes s'envolaient par des désirs qu'elles refusent car condamnés par sa pieuseté (au passage, ne pas oublié que Valmont l'a quand même violée pendant qu'elle était dans les pommes), se refuse à elle-même le pardon et se laisse mourir dans sa retraite. Enfin, Cécile de Volanges se rebiffe, grille Merteuil aux yeux du monde, mais finit dans un couvent. Certes elle subit la "mauvaise" influence de Merteuil, mais reste fidèle à sa conscience individuelle, je dirais. La société condamne aveuglément la plus authentique, finalement. Du côté des hommes, le petit chevalier est lui aussi le plus authentique, car amoureux, même si manipulé. Il se retrouve assassin, mais c'est encore lui qui s'en sort le mieux. Mais il est en rien comparable à un valmont. Pour ce dernier, comme pour les autres, la morale le rattrape, point de pardon n'est accordé au pécheur, même en voie de repenti. Mais il est noté que c'est bien lui qui subit le revirement le plus total. En additionnant tout ça, point de rachat pour personne -si ce n'est pour le plus jeune homme (dont le nom m'échappe, et ça commence à m'énerver ferme). Quoi de plus normal, ce sont toujours les hommes qui s'en sortent le mieux, surtout à cette époque. Quant à Sade, c'est l'expression joyeuse du ça. A défaut d'avoir lu ces livres, j'en connais un peu sa propre histoire. Ses personnages trinquent, mais lui aussi. On ne peut pas dire que ses contemporains l'ait épargné. Suscitant le dégoût mais aussi excitant les foules, il n'en reste pas moins condamné à la prision et à l'asile. Voilo. Mais tout ceci n'est que mon inteprétation vaguement letrreuse. Mais c'est l'heure du culte, Chorles, alors je te laisse aller remplacer le révérent en sa paroisse.
    2
    Dimanche 17 Février 2008 à 11:19
    Fichtre
    J'ai été longuette...
    3
    Lundi 18 Février 2008 à 11:41
    encore ça et je me tais, promis
    Effectivement, nous sommes d'accord sur le fait que consciences sociale et religieuse ne se ditinguaient pas au XVIIé. Mais la fin de Dom Juan en marque moins une possibilité de séparation qu'un violent rappel à l'ordre, justement. Pour ce qui est de Laclos, je n'ai pas dis que l'homme est qu'un. Au contraire, j'ai bien distinguer les deux. Valmont manipulateur en voie de rédemption -et encore rien n'était acquis, loin de là, disons plutôt qu'il était en lutte intérieure- mais qui préfère trahir son amour sous le joug de Merteuil. Sa mort est juste un bon débarras social. Seul le jeune premier amoureux s'en sort presque avec les honneurs, du moins, d'un point de vue social.D'accord, on peut dire qu'avec la mort de Valmont, l'honneur et la morale sont saufs. Le pardon ne lui est tout de même pas accordé par les hommes. Je ne crois pas que le sort des femmes soient à envier pour autant. Vivantes, d'accord, mais d'autant plus soumises à la répprobation générale. Tu parles d'une rédemtpion! L'une se condamne toute seule, incapable de se l'accorder à elle-même, jusqu'à en mourir; l'autre est condamnée par la société; la troisième idem car, dans mon souvenir, le couvent est imposé par sa mère, et non par sa propre volonté. Il n'y a donc point rédemption mais condamnation sociale pour Merteuil et Cécile, auto-condamnation religieuse par Tourvel (qui est la seule à être épargnée par la société, puisque plus sévère avec elle-même que cette dernière). Enfin, épargnée, disons plutôt qu'elle tombe dans l'oubli en se retirant du monde. Alors qu'elle est également la seule à n'avoir 'péché' qu'en pensée -par amour et non par manipulation qui plus est- et que, je le rappelle, elle n'était même pas consciente lors de l'acte. Finalement, je suis en train de même dire que les hommes condamnent bien plus facilement au nom de Dieu (facile pour avoir "bonne conscience"), dans les liaisons dangereuses, que ce Dieu lui-même. Enfin, je préciserais que mon sens de l'ironie est parfois malheureux, d'où mon emploi des termes "joyeuse expression du ça", au sujet de Sade. Qui reste d'ailleurs aujourd'hui en marge. Rien que le terme sadisme et ce qu'il révèle en témoigne. Dur dur de débattre de tout ça par écrit, ma foi. Bon, Caroline t'attend pour aller traire la vache, je ne te retarderais pas plus longtemps.
    4
    Lundi 18 Février 2008 à 15:40
    J'aurais pas dû promettre...
    Me v'lo prête à griller en enfer... Bon, pour Dom Juan, on se rejoint, me semble-t-il. Mais pour les liaisons dangereuses, non. Pour moi, le chevalier n'est pas un Valmont en puissance, voire même, il tue le Valmont en lui par la mort de ce dernier (même s'il ne l'a pas tué volontairement). Mieux encore, il regrette sincèrement la mort de ce dernier. Remords de la conscience, c'est plutôt bon signe pour lui. Quant aux femmes, je ne vois décidemment aucune rédemption pour Merteuil, ni à court ni à long terme; pour la dévôte, rédemption divine, probablement, mais ni sociale ni à ses propres yeux; pour la jeunette, ouep, rédemption, ok; même si ça ne vient pas d'elle-même (elle ne se dit pas "nan, je veux pas être comme la Merteuil, je veux mourir au couvent"). Mais c'est en cela que sa rédemption, tant sociale que religieuse, me paraît sans aucune valeur. Tout ça repose sur une vaste hypocrisie sociale moralisatrice, qui s'arrange avec la foi, les moeurs, les modes du monde. Bref. Quant à Sade, je ne connais pas assez pour argumenter. Si ce n'est que d'après l'idée que je me fait de sa littérature, la relation sado-maso telle qu'il la décrit n'a rien à voir avec celle d'aujourd'hui (et peut-être celle des romains?). Parce que chez Sade, le maso ne semble pas avoir le pouvoir, au bout du compte... Sinon, je voulais quand même te parler de quelque chose qui m'inquiète... Peut-être devrais-tu aller consulter le Dr Becker, il pourrait peut-être t'aider à gérer ton animosité envers les Olsen -en particuliers la gente féminine...
    5
    Lundi 18 Février 2008 à 16:06
    Roh
    un Valmont est bien plus compliqué que ça. C'est un libertin manipulateur et manipulé, qui ne sait plus comment sortir de la propre prison dans laquelle il s'est enfermé, si ce n'est par la mort (j'aimerais bcp m'étendre sur le sujet -non, pas de jeu de mots- mais ni la place ni le temps). Et le chevalier n'est pas tout blanc vis-à-vis de sa dulcinée, dans l'épisode Merteuil. Quoi qu'il en soit, il n'a pas cette volonté de manipuler et d'exploiter, par jeu (et dire jeu limite la personnalité de Valmont, parce que pas que...), comme Valmont. Et en ce qui concerne la rédemption, vaste sujet également. Ne tire-t-elle sa valeur que si elle vient de soi avant tout? Etre pardonné par les autres sans se pardonner à soi-même, cela aide-t-il vraiment? Peut-on vraiment être en accord avec soi si tout le monde vous condamne? Et j'en passe des pires et des meilleures. Et pour Sade, oui, je m'étais un peu éloignée du sujet, il est vrai. Ou plutôt, j'en considérais la première lecture et non le message de fond.
    6
    Lundi 18 Février 2008 à 16:07
    Ayé on est d'accord
    Oui, Nels est une victime. Quoiqu'il avait qu'à pas l'épouser, Hariette. Gniark. Bon, je file, je devrais déjà être dans ma carriole...
    7
    Lundi 18 Février 2008 à 18:00
    non, non
    Je n'ai pas oublié le temps. Et j'ai bien compris ton point de vue (surtout après avoir tout bien relu, mon 1er commentaire ayant été rédigé entre le saut du lit et le café -oui, je me suis levée tard et oui je dois peut-être éviter de commenter dans ces conditions mais bon...). Mais j'aime à penser que le petit chevalier s'en sorte mieux que Valmont, qu'il arrive à mieux gérer son pire et son meilleur ou du moins, à se soustraire au cul-de-sac qe peut être le suicide. Un peu comme Nels, tiens. Qui supporte sa femme avec un certain sens du fatalisme, mais qui sait aussi la recadrer de temps en temps, ce qui n'en fait pas une simple mauviette aveugle ou un suicidaire en puissance. Sinon, j'ai pas été au saloon, puisqu'il n'y en a pas à WalnutGrove, et le détour à Colorado Spring aurait été un peu trop long, même pour saluer le Docteur Quinn. Donc, bah, les chevaux sont morts. Et je me suis dit que, du coup, c'était pas la peine de faire réviser les fers. J'ai bien fait, nan?
    8
    Lundi 18 Février 2008 à 20:08
    Disons
    que je considère Valmont comme un personnage complexe génial à analyser, mais qu'il ne serait pas bon d'aimer (d'autant que je le soupçonne aussi pas mal de vraiment aimer ce qu'il ne peut avoir -Tourvel, certes, mais aussi Merteuil, quoique le sentiment ici soit bien plus trouble). C'est vrai que pour ma comparaison j'ose sauter les obstacles mais je garde le pied à l'étrier. Albert est un cas amusant aussi, ça fait très comtesse de Ségur: on sait pas quoi faire du personnage, il se drogue, ça craint, bon, on en fait quand même un génie parce qu'il a pas été élevé par n'importe qui, mais comme il a pêché, faut pas pousser quand même, on le fait mourrir d'un pti cancer de l'estomac une fois qu'il est redevenu gentil garçon. Pour la carriole, j'ai une idée, on a qu'à profiter des pti aveugles de l'orphelinat, avec un labrador en tête. Ca vaut c'que ça vaut, mais ça peut s'faire...
    9
    Lundi 18 Février 2008 à 20:09
    Ca me laisse perplexe
    une telle connaissance de ta vie, Chorles...
    10
    Lundi 18 Février 2008 à 21:11
    je chipote, tu chipotes...
    je connais tes enfants, ta femme, tes voisins et toutes tes anecdotes. Et j'ai tout ça très bien en tête. Y'a de quoi être perplexe, non? Bref. Suis d'accord avec ta phrase sur le désir, évidemment. Sur le principe et sur ce qui concerne Valmont. Mais on ne peut limiter le désir à l'inaccessible, quand même; de même qu'il serait bien prétentieux de considérer tout comme acquis sauf si le désir se niche uniquement dans la chasse et la simple capture, comme c'est son cas en général. Vent d'diou! Caroline serait pas contente de savoir que tu la désires plus, alors!! Va méditer appuyer sur la barrière de l'enclos, ça t'apprendra...
    11
    Mardi 19 Février 2008 à 11:32
    Bon
    eh bien il semblerait qu'on soit d'accord, finalement... (puisque le coup de Valmont et Merteuil j'en ai parlé plus bas). Ouf... Bon ben trovaille bien, et oublie pos d'mettre aussi un épouvantail pour les corbeaux... T'os le choix ent'tous tes gosses... Ou la Olsen, tiens.
    12
    Mardi 19 Février 2008 à 12:20
    Ce n'est que partie remise...
    Mais j'apprécie le compliment derrière la déception :)... En fait on est d'accord sur la dernière question du désir. Nous n'allons pas revenir sur les hommes ne sont qu'un, la question de la rédemption et tout et tout... Et pis faut qu'jm'occupe des poules, moi aussi. Et que je cultive mon jardin (wawou, j'ai placé du Voltaire...).
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